take me somewhere we can be alone (natsuki)

restricted,,

(adj) — to be deprived of freedom of movement or action ;

((WHAT SHE IS))

« c'est une fille ! », qu'on annonce tout content aux parents. la mère est pétrifiée, le père jette un regard noir à son épouse. le grand-père ne réagit pas, la grand-mère pousse un profond soupir. trop tard pour avorter, trop tard pour espérer que ce ne soit qu'une erreur et que l'enfant qui sortira du ventre de sa mère sera quand même un garçon. natsuki naît, pousse ses premiers cris, et on veut déjà l'étouffer pour qu'elle se taise à jamais.

l'invisibilité de natsuki qui se déclare, le caractère trop enjoué d'une fille qui se doit docile, les punitions qui arrivent, les pleurs de la petite fille, tout ça, ce n'est pas grand-chose face à l'arrivée de son petit-frère. né en hiver, il hérite alors du nom de fuyuki (冬希) : « espoir de l'hiver ». mais contrairement à l'espoir de l'été, l'espoir de l'hiver comble les attentes : il se débrouille toujours mieux à l'école que natsuki (c'est un garçon), il fait des bêtises mais ce n'est pas très grave (c'est un garçon), il va hériter des biens de la famille plus tard (c'est un garçon)... mais ce n'est pas lui l'aîné ; c'est natsuki. c'est à l'aînée d'éduquer son petit-frère, c'est à l'aînée que revient la responsabilité si le petit-frère fait des bêtises, c'est à l'aînée d'endurer les punitions si le petit-frère n'est pas sage. et elle endure, malgré le grand sourire de son frère qui s'échappe indemne de ses méfaits, choyé par toute la famille.

et plus qu'avant, natsuki devient invisible, cachée dans l'ombre de son petit-frère. ah, comme c'est ironique : pourquoi est-ce l'été qui doit se cacher derrière l'hiver ? pourquoi est-ce le soleil qui brille si fort qui doit se cacher derrière la neige douce et délicate ? la réponse est là : son frère est une tempête de neige, et elle, elle n'est qu'un petit rayon de soleil qu'on ne veut pas voir. et pourtant, quand elle disparait, quand elle utilise son pouvoir, elle est punie ((on veut qu'elle disparaisse, oui ou non ?)). frustrée, victime d'injustice, elle ne rêve que d'une chose : d'être un jour suffisamment lumineuse pour faire brûler la neige sur son passage (mais jusqu'à présent, elle n'a pas le courage d'essayer).

natsuki est plus que peureuse, parce que dès qu'elle ose se cogner contre les parois de sa cage, mettre un bras ou une jambe dehors, c'est une douleur fulgurante qui parcourt tout son corps et lui rappelle de rester sagement dans la prison dans laquelle on l'a enfermée. natsuki, c'est pourtant une force de la nature : un éclair qui veut éblouir le monde, un soleil qui brûle les yeux, une pluie qui se déchaîne sur la ville, une tornade qui emporte tout sur son passage... mais c'est une fille, alors on préfère qu'elle soit un petit éclair dans le ciel, un petit rayon de soleil, une petite pluie, une petite brise. et elle obéit, natsuki. parce que c'est tout ce qu'elle peut faire pour ne pas avoir mal : tout contenir, tout réprimer ((mais un jour, ça finira par exploser)).

et elle a un moyen pour ne pas tout faire exploser, natsuki : elle danse. initiée à la danse traditionnelle depuis qu'elle est toute petite, pour que la petite fille soit la plus féminine que possible, elle s'y découvre une véritable passion. pourtant, plus elle grandit et plus la danse traditionnelle l'ennuie ; et puis, au détour d'une rue, quand elle voit un homme danser sur du hip-hop, c'est tout son monde qui s'arrête. elle a la gorge nouée, le cœur qui bat fort, les mains qui tremblent. ah, c'est comme ça qu'elle aimerait danser. secrètement, elle danse avec des styles plus urban, plus street-like, comme si la elle profondément enfouie ressortait enfin à travers sa danse (mais sa famille ne doit jamais l'apprendre, ou elle se fera sévèrement punir). et heureusement pour elle, elle est plutôt douée à cacher ses sentiments, alors jusque là, sa famille la laisse encore danser de temps en temps sur des danses traditionnelles, persuadée que natsuki ne le fait que parce que c'est un hobby (mais c'est une passion).

mais malgré la danse, un jour, les barrages naturels de natsuki ont cédé et ça a fini par exploser. haruki, joli garçon né au printemps dont le sourire a toujours fait chauffer l'été qu'elle était (peut-être que c'est à cause de haruki, si l'été est devenu plus chaud au fil des années) ; haruki avec qui elle a grandi, avec qui elle a tout partagé, avec qui elle était fiancée ((dont elle était amoureuse)) : tout allait bien, jusqu'au jour où sa famille décide du contraire. « c'est des traîtres ! » qu'ils tonnent, et la vérité est révélée : la famille yanagi a simplement décidé de s'allier avec des familles détachées de l'idéologie des sangs purs, et les kujou ne l'ont pas supporté. fiançailles rompues, liens rompus. « tu ne dois plus t'approcher du fils des traîtres, c'est compris ? » mais pour la première fois de sa vie, natsuki ne se contente pas de hocher la tête. natsuki désobéit. elle appelle haruki, elle lui envoie des messages, elle l'attend hors de chez lui, convaincue que haruki désobéira aussi à sa famille (parce qu'il lui a promis : il lui a promis qu'ils resteraient toujours ensemble). et c'est son cœur qu'elle entend se briser quand elle comprend que haruki l'a abandonnée ; qu'il a préféré obéir à sa famille plutôt que de rester avec elle. chagrin d'amour intense, les coups qui frappent sa peau ne lui font rien tant la douleur dans son cœur est insoutenable. elle s'est fait trahir par le garçon qu'elle aimait, sa famille est encore plus dure avec elle, elle n'a plus rien à quoi se raccrocher pour tenir bon... alors elle aimerait le haïr, ce foutu printemps : mais elle aime encore sentir la fleur de cerisier.

natsuki est gauchère, malgré sa famille qui a longuement tenté de la faire revenir à la « normale » ; elle a un très bon niveau de danse mais elle a peur de le montrer, alors elle ne danse que rarement et surtout que devant ses proches ; très studieuse, elle travaille très dur pour ne pas décevoir sa famille ; elle n'aime pas montrer son corps, parsemé de cicatrices et de bleus qu'elle n'a pas envie d'expliquer (et ne peut pas expliquer) ; effrayée par la violence, elle se met automatiquement en position défensive quand elle pense qu'on va la frapper ; elle évite de boire du thé car ça lui rappelle trop les traditions de sa famille, préfère largement un chocolat chaud bien sucré ; elle se noie dans les livres et les mondes imaginaires, regarde beaucoup de séries et même du théâtre ; elle n'aime pas la pluie, sauf si c'est pour danser dessous ; ...

unrestricted,,

(ajd) — not having limits, not subject to restriction, not restricted ;

((WHAT SHE YEARNS TO BE))