SAINT VALENTIN ; ❝ carte d'amour ou carte osekour

lettre écrite dans un de ces carnets, quelques jours après la date quelque peu butoir.
mais qu'importe, il ne l'enverra jamais.

il parait que les mots sont une sorte d'apaisement, qu'ils apportent une certaine délivrance. je ne sais pas si c'est réellement vrai, peut-être qu'ils ont une forme d'exutoire. comme une vague qui vient se fracasser contre les rochers, on recherche quelque chose qui nous aidera à respirer.

tu sais, je me souviens encore vivement de cette conversation qu'on a eu au bal. à observer les étoiles et conter les légendes sur ces âmes soit-disant jumelles. je sais pas si j'ai encore envie d'y croire, je suppose que quelque part j'ai menti sans le vouloir. je t'ai dis que si je devais choisir, ce serait toi. peut-être parce que d'une certaine façon tu me complètes plus que ce que je ne le voudrais. mais ce n'est pas de l'amour, n'est-ce pas ? c'est plus de la tendresse ? enfin je crois.

je sais pas aimer,
on me l'a jamais appris.
même quand elle me chantait des berceuses, qu'elle essayait de calmer les angoisses. je sais pas si c'était cela le véritable amour. celui d'une mère pour son fils malade. au fond, je crois que les rôles étaient inversés. c'est elle qui mourrait à petit feu pendant que moi je la regardais sombrer.
j'ai eu envie de me dire,
que ce fil rouge a une signification claire,
qu'il nous mènerait vers cette personne qui est censée combler le vide que l'on ressent. tu sais, celui qui dévore bien plus qu'il ne devrait. celui qui frémit sous la chair, quand on tente de s'en défaire. je crois que j'ai essayé, en vain, de me dire que ce n'était rien. pourquoi moi, un homme de métal, trouverait quelqu'un qui remplirait chaque fissure.

je sais bien ce que la légende dit,
tout être humain à sa moitié qui se balade, dans l'horizon.
alors je suppose, que moi aussi, je possède la mienne. celle qui me ressemble en tout point. si on en croit les dires.
pourtant, ah et je sais même pas comment l'exprimer dans cet écrit stupide. parce que c'est ce que c'est au fond, stupide, non ? de coucher sur papier tout ce qu'on ressent, de laisser valser les sentiments. c'est idiot. parce que personne ne lira cela, pas même toi. et je m'en excuse, de pas avoir le courage de dire à voix haute ce qui sommeille tout bas.

c'est pas réellement de l'amour,
alors qu'est-ce que c'est au final ?
je me le demande, encore un peu. car quand j'y pense, il y a mille façons et peut-être même plus encore, de dire ce que l'on ressent. les gestes, les mots, le silence parfois veut dire bien plus que les paroles qu'on débite. le regard, lui aussi, il peut transmettre en une fraction, ce que les mots seraient incapable d'évoquer en dix années.
je suppose que c'est eux, que j'ai un peu trop observé.
à tenter d'en déceler ce que leurs yeux renfermaient — de l'amour ? de la haine ? de la compassion ? est-ce que le manque peut se lire au travers les iris ?
et puis je me souviens, de ce que tu m'as dis.
sur ces gens exprimant leur affection en s'embrassant.
je sais pas vraiment quelle est cette sensation, qui gronde dans la poitrine. alors j'ai préféré rire plutôt que me dire que quelque part je les envie. d'avoir trouvé cette autre partie d'eux. quand moi je me sens vide.

ce n'est pas contre toi tu sais,
je suppose que ce n'est la faute de personne.
si le gouffre ne se remplie jamais. s'il continue à se creuser encore un petit peu.
mais comment pourrais-je te le dire, le lui dire à lui aussi. que malgré votre présence, je me sens terriblement seul. c'est injuste pour vous, n'est-ce pas ? de passer tout mon temps à vos côtés et de pourtant, continuer à ne pas en être comblé.
c'est un brin égoïste.
alors je préfère me taire.
j'ai pas envie de vous voir souffrir.
car même si ce n'est pas ça l'amour, je suppose que quelque part, une partie de cette affection, est bien plus grande que ce sentiment que tout le monde s'impose.

aimer ne devrait pas se limiter,
à cette personne qui construira notre vie.
non, aimer c'est bien plus fort encore — qu'un simple baiser.

ah je pense que je me perds encore.
alors c'est mieux si je m'arrête ici. puis il vient de rentrer.
ce n'est pas que je ne veux pas qu'il sache. mais moi aussi, j'ai des secrets.

Que tu es magnifique, ce soir. Tu l’as toujours été, tu le seras sûrement toujours.
           Comme le s o l e i l qui illumine chaque planète, je n’ai jamais cessé de tourner autour des douces lumières avec lesquelles tu venais m’éclairer. Perfection à portée de main sans l’être vraiment, tu as toujours eu cette façon de m’attirer sans me laisser te toucher ne serait-ce qu’une seule fois.

                           J’aimerai dire que tu n’es rien de plus qu’une simple attirance, qu’une personne dont je pourrais me passer sans aucun souci, mais ce serait sûrement un mensonge. Nous sa-vons très bien ce qu’est la vérité. La vérité est que tu es la seule personne vers qui mon cœur ne cesse de se tourner, malgré tout ce que tu as bien pu me faire s u b i r.

Tu n’auras pas cette lettre, je le sais depuis que j’ai commencé à l’écrire. Mais j’ai besoin de mettre des mots sur ce que je peux bien ressentir à ton égard. Douce ironie de se dire que j’aurai dû passer à autre chose depuis longtemps, que j’aurai dû accepter l’idée même de ne plus penser à toi.

              Parce que tu un véritable démon, démon de mes nuits et de mes pensées. Je ne compte même plus le nombre de fois où je t’ai vu dans mes rêves, où je t’ai imaginé dans mes bras.

     Je ne sais que dire de plus, sûrement parce que je ne cesse pas de lever le regard vers toi depuis que je sais que tu es là.

J’espère juste que tu passes une bonne soirée, que tu passeras une fin de soi-rée parfaite et que l’on pourra se croiser dans une nouvelle vie.

Je t’aime.
           Je t’aime.
                         Je t’aime.

— anonyme

Oh et les ombres dansent, comme le carillon du temps,
lorsque je rentrerai, tu ne seras plus un enfant,
moi non plus.
(est-ce qu’on l’a déjà été ? Même lorsque les promesses étaient naïves?)
Je regarde encore la mer se mouvoir avant la tempête, et je pense à toi. Au sombre qui éclairait tes yeux lorsque mon sourire était trop grand, au flou d’un sourire qui pourtant cache le rire-soleil.
Aux mensonges, de mes oreilles sourdes aux battements de ton coeur.
(est-ce qu’on s’aimait autrement?)
et les questions sont encore là, tu sais, pendant les jours, les années, les mois. Je n’ai jamais osé les poser. Les lettres sont en train de prendre la poussière au creux d’une boîte au liseré d’or, d’or presque bleuté comme le collier que je t’ai offert
est-ce que tu penses à moi, lorsque tu regardes la mer ?
Est-ce que tu serais parti avec moi ? Tu m’aurais suivi à la nage ? Comme on suit le soleil du doigt lorsque la route défile ?
Est-ce que le poids dans ma poitrine qui n’a jamais diminué est de ta faute ? (de la mienne)
Demain, je rentrerai. C’est comme achever un roman d’aventure,
c’est comme poser ses pieds à la maison après un long voyage,
pour revoir ton visage,
pour te serrer dans mes bras,
(et peut être que je ne te reverrai pas
peut être que tu me détestes).
Pour la première fois, j’ai peur. Peur car j’ai inventé des légendes sur toi, sur nous, pendant mon absence, que j’ai imaginé que la vie s’arrête sans moi (alors qu’elle continue), que j’ai été égoïste et que le poids des remords est plus aisé à porter lorsqu’il se divise. J’ai peur que tes yeux me fuient, pas comme avant, lorsque le rose de tes joues s’y prêtait, non, avec tes airs furieux que je connais chez les autres.
J’ai peur que tout ait changé.
Alors je vais continuer d’espérer,
un peu naïvement,
que tout soit comme avant,
et qu’on se retrouvera.