b r e a t h e (noé)

— prénom & nom ;
Noé Águilar Légendaire ancêtre de l’humanité, sauvée sur son arche. Noé sans elle, en pleine tempête, il se noie parfois. Maman voulait un prince, elle a choisi un roi aux yeux du divin. Pas qu’il y croit Noé, puisqu’il ne sauve rien, pas même lui. Il se construit des arches en papier qu’il regarde couler dans le fond d’une baignoire triste à pleurer. Et ça le fait marrer. Du reste il a hérité d’un nom, d’un empire en carton qui lui revient pour être né comme il est, petit mâle et petit prince Águilar, on le veut roi, on le veut patriarche d’un royaume abyssal. Lui ne veut être qu’une seule chose : lui.

— lieu de naissance & âge ;
Kantô, dix-neuf ans Si vite passée, envolée sa vie. Dans des années perdues, vendues, soufflées. Portée au vent marée, il est majeur, un môme propulsé adulte si vite qu’il en a le tournis. Se sent si vieux quand il rêverait d’être encore un gosse. Mais libre. Dix-neuf ans que maman le protège, infantilise l’enfant fragile et lui coupe les ailes par peur de le voir s’éclater par terre. Dix-neuf ans à rendre papa fier, lui qui a tracé le destin de l’héritier avant même sa naissance. Des espoirs perdus sur l’aînée, transposés au cadet que l’on veut parfait. Dix-neuf ans qu’il étouffe en silence.
Kantô en terrain de jeu qu’il ne connait pas vraiment, il y est né mais en semble étranger. Petit poisson ayant rejoint les berges un douze mars sans eau. Pas de pluie ce jour-là, Noé sans son déluge. Ca sonnait déjà comme une blague, sa vie.

— nationalité ;
français Qui ne connait rien de sa France patrie. Il est d’ici et d’ailleurs, de nulle part aussi. Fils de mélange aux origines doubles, maman française et papa portoricain, à chérir ses deux lui, sa double langue et les cultures qui le façonnent. Pas tellement mais il se plait à se dire, qu’il a l’élégance de l’un et le solaire de l’autre. Jamais le mauvais temps. Un peu japonais peut-être aussi, c’est sa vie, son île. Son monde. Noé il est de partout mais n’a sa place nulle part. Famille au sang pur dont il se fout, ça n’a pas d’importance et les portes qui s’ouvrent pour le laisser entrer ne le font que devant son nom.

— baguette ;
vingt-quatre centimètres, bois de saule, ongle de harpie Elle s’est imposée à lui, petite branche un peu tordue et torsadée, taillée dans un bois aux reflets tirants sur le vert légèrement bleuté. De la couleur des feuilles de ces saules majestueux aux larmes vertes tombant jusqu’au sol. Certainement plus flexible que la normale, plus petite aussi avec ses vingt-quatre centimètres, mais dans sa main elle ne donne pas l’impression de détoner, faite pour se placer dans la continuité de ses doigts encore hésitants lorsqu’il est question de lancer des sorts. Protectrice bien plus qu’attaquante, comme la plupart des baguettes sculptées dans ce bois, elle porte en son cœur un ongle de harpie. Fille du vent, comme lui, l’ongle procure à la baguette un caractère nerveux, farouche la rendant prête à se défendre peu importe le résultat.
Dans les torsades de son manche, Noé y a gravé des runes. Une pour chaque année passée à l’hôpital, pour se protéger. Pour s’occuper.

— maison, groupe ;
kaze Il s’était fait des rêves de sa cérémonie. De sa peur coincée dans sa poitrine, de son regard baissé que l’on relève à peine pour détailler les imposantes statues avec un respect naïf. Pour lui c’était sûr, la carpe danserait devant sa petite personne. Le prendrait dans ses voiles pour le guider sur la voie de sa destinée. Il a été tellement surpris lorsque ce fut la grue qui sortit de sa torpeur.  D’une grâce courant d’air, Noé figé devant une évidence qu’il n’avait pas calculé, des pourquoi plein la tête. Une déception d’une seconde et puis le destin changé a été accepté. Fils du vent pour le pauvre temps que dura sa scolarité. La brise n’a pas réussi à souffler sa maladie.

— occupations ;
étudiant économie & gestion, première année ; on le veut héritier, alors il se doit d’être parfait. Plus qu’il ne l’est déjà, ou semble l’être. Poussé sur une voie qui l’ennuie et l’indiffère, il fait de son mieux, pas pour lui mais pour combler les attentes de ses parents. De difficultés en réussites, son périple d’étudiant est une catastrophe. Les nuits insomnies s’entassent pour l’aider à garder la tête hors de l’eau. Petit courant d’air se voudrait typhon, il lorgne vers les bancs d’autres cours. D’un autre avenir glissant entre ses doigts. Lui s’imaginait danseur ou historien. Botaniste même. Mais papa en a voulu autrement, son héritage ne se danse pas, il marquera l’histoire plutôt que l’enseigner et fera pousser les graines de l’opulence. Alors il ploie Noé, s’oblige et s’efforce.

Club – cours de soutien ; tout juste arrivé déjà en peine, borné déterminé qu’il est, il s’échine et s’acharne. Des heures en plus pour comprendre, combler les vides de ses lacunes qu’un œil paternel ne supporterait pas.

— situation financière ;
très aisée D’un trop plein d’argent qui ne l’intéresse pas vraiment. Toujours là, depuis aussi longtemps qu’il s’en souvienne, le coffre-fort du royaume débordant de trop, toujours trop. Noé qui a tant coûté à ses parents, dans sa maladie et son désespoir. De tous ces sacrifices qu’ils ont faits pour lui. Alors il n’y touche plus, à cet argent en trop. Se veut adulte et entend se débrouiller seul, ou en tout cas le plus souvent possible.

— orientation & statut civil ;
cœur fantôme, homosexuel Des désirs illusoires et des amours conjugués au masculin. De ces envies à garder pour soi, inavouées couchées sur le papier des pages du journal qu’il noircit des maux de sa vie. Il n’aime pas au féminin Noé, sait qu’il est un drame devant les attentes de papa. L’héritier qui tuera sa lignée. Il n’aime pas au masculin non plus, parce qu’il n’en a plus le droit. Privé d’amour, ses relations sont fantasmes et fantasques. Partenaires fumée, il s’invente une vie folle et débridée dans le club fermé de son esprit. Se rêve courtisé, charmé, adoré. De brûler sa peau contre celles de tous pour crever ses nuits tristes. Il s’invente l’amour, pas nécessairement beau, mais celui qui rend vivant. Le violent. Le flamboyant. Trop sage Noé. Non, seulement cassé. Sans limites quand court l’esprit. Il désire avec excès. Il aime à l’infini.

— particularité(s) ;
rokurokubi Au mauvais endroit au bon moment. Ou bien au bon endroit au bon moment, même lui ne saurait pas le dire. Elle est venue de nulle part, sortie des ombres, sa renaissance. Une rose dont les épines se sont méchamment plantées dans sa chair. Dans un tourbillon de noir aux éclairs carmin. Du sang sur sa peau, de la vie en fout le camp dans ses doigts qui se sont accrochées à elle, la rose aux épines.
Il a lutté comme il a déjà tant lutté dans sa vie, pour se dire que tant pis, c’est foutu. D’avoir dit merde une fois à la mort, elle revient le chercher pour le récupérer. Il s’en est sorti, encore. Sans trop savoir pourquoi, comment, sans trop comprendre. De sa transformation il ne garde que des flashs un peu flou, un peu. Les souvenirs sont surtout physiques, inscrit dans sa chair, en lui. La douleur, la peur, les peines. Un peu tout, un peu rien.
Il n’a pas compris Noé mais a fini par réfléchir, se poser des questions pour finalement coller le doigt sur une évidence qui l’a laissé perplexe. Vampire.
Rokurokubi.
Nouvelle blague qui ne l’a pas fait rire.

— amortentia ;
les dragées, papier & inavouable Commence sur une note d’enfance, de sucre. Une découverte qui colle aux dents, le ramène dans un temps où tout était insouciant, à rire trop fort pour le plaisir de voir Pandore plisser son nez devant les dragées aux goûts tordus qu’il lui donnait innocemment. S’enivre ensuite des arômes de papier neuf, les feuilles qu’il noircit de ses maux, celles qui ont occupées sa vie pendant de longues heures, en uniques sources d’évasion. Amoureux de la sensation sous ses doigts, de cette odeur tendre dont il ne se lasse pas. Les volutes s’échappent ensuite, dérapent sur des notes plus brutes dont il ne tient pas à en révéler l’origine, troisième élément mystère qu’il est le seul à connaître. Dissimule la honte d’un plaisir éprouvé face aux senteurs d’un parfum masculin. La douce origine de ce qu’il est. Se meurt alors le charme de la potion, la plénitude d’une esquisse de sourire rêveur aux lèvres.

— patronus ;
eruptif Drôle que de voir un animal si imposant sortir d’une si frêle baguette. Le contraste est étonnant, presque amusant. Il en a ri, la première fois. D’un rire nerveux, on aurait dit de la trouille. Pas vraiment. C’est juste que l’apparence est si improbable. D’un animal sans véritable grâce, lent et calme. Il se protège derrière l’énorme bête pourtant, c’est une arche sur laquelle il peut compter, Noé. Un allié qui ne le laissera pas tomber. On lui a dit, une fois, qu’un éruptif était capable de faire exploser un Détraqueur d’un coup de corne en afflux trop soudain de joie dans un être aussi noir. On lui a dit, lui aimerait voir.

— épouvantard ;
inconnu Il n’a jamais tenté, n’y a jamais été confronté. On suppose qu’il serait facile pour le sort de prendre des allures de chambre d’hôpital, la solitude entre des murs trop blancs, le nez aseptisé. A la vérité lui il est certain que la chose qui se tiendrait devant lui n’aurait qu’un seul aspect : le sien. Noé figé. Noé étouffé. Bouille bleue et sourire tordu, manque d’air. Car c’est sûrement ça qui l’effraie le plus, d’étouffer. Au propre, comme au figuré.

— risèd ;
inconnu Le regard ne s’y est jamais posé, l’esprit n’y a jamais pensé. Comme une photo de famille qui fait chaud au cœur mais que l’on n’ose plus regarder par peur de pleurer tant elle semble fausse. Il ne sait pas ce que le miroir pourrait lui retourner comme image, ne veut pas le savoir. Les rêves l’enveloppent déjà suffisamment, il n’a pas besoin d’en avoir un nouveau pour lui plomber encore un peu plus les ailes.

cw/tw : cancer

coeur d'encredes pages enchaînées, noircies de mots, de ratures. De pensées. D’idées. D’appels à l’aide. D’injures. De joies et de pleurs. Il couche sur le papier tous les événements de sa vie, lui qui a très tôt compris qu’il n’aurait que des pages pour lui tenir compagnie. Dans les recoins d’une chambre d’hôpital qui fut arrangée au fil des années pour devenir sa chambre principale. En courants d’air y passant pour en repartir avant d’y être résident permanent, Noé a pris l’habitude de raconter ses journées à ses carnets. Ils s’entassent dans une boite carton dans sa vraie chambre, celle de la maison familiale, endroit caché qu’il est le seul à connaître. Les brumes de son esprit sont personnelles, ne regardent que lui. Ses états d’âme. Sa vie, celle qu’il fuit. Celle qu’il cherche. Lui, tout simplement, entre les lignes et l’encre.

c word Il a le langage fleuri des mômes qui ont trop de fois été punis pour avoir juré. Un petit abus dans son phrasé pourtant si joli, Noé il parle avec l’étincelant d’un soleil sur la mer. Ca pétille, la plupart du temps. Ca explose quand il s’énerve et que les mots grossiers viennent illustrer ses états d’âme. Il a du vocabulaire, dans toutes les langues qu’il a appris, trois, c’est déjà bien. Il y a pourtant un mot qu’il déteste, ne prononce pas ou peu. Cancer. Pour lui c’est le parasite ou la merde, et d’autres encore pour l’énoncer sans jamais utiliser ce qui est devenu l’ultime injure. Un blasphème. Presque une malédiction. Le prononcer c’est prendre le risque de le voir revenir se lover dans sa poitrine.

coeur de nuit Enfant soleil, à l’aimer de toutes ses forces. Souvent dehors, à faire cramer sa peau sous les rayons chauds, pour faire ressortir les timides taches de rousseur posées sur son visage et ses épaules. Noé pourtant, il vit la nuit. A appris à l’adorer, la lune, les ombres, le silence. Petit funambule quand vient la lune, il mène une sorte de double vie. Existe, en pilote automatique le jour et se réveille pour de vrai aux funérailles du soleil. C’est une habitude qu’il a pris depuis ses séjours à l’hôpital, bien avant de devenir un traqueur du noir. Il en avait peur justement, de cette léthargie accompagnant la nuit. Les va-et-vient des infirmières pour vérifier qu’il vivait encore. Il vit la nuit Noé, parce qu’il n’y a pas d’ombres et que rien de mauvais ne peut s’y planquer.

coeur à mille à l'heure De vertiges en léthargie, il n’a pas vécu Noé. Pendant tant d’années qu’il a parfois l’impression d’être né hier. Ce matin. D’une vie bridée comme libéré maintenant qu’il est sauvé, il se rattrape. Quand il est seul, loin des parents, de maman qui le couve trop par peur de le perdre pour de vrai. De papa qui le retient parce qu’il doit être digne, droit. Noé il divague, sur les vagues de son monde qu’il veut flamboyant, mouvant, bruyant. Comme lui. Agité, tout le temps, s’arrêter c’est crever. Il traîne le soir, oscille le jour, s’est fait tatouer, en douce, un Ouroboros derrière l’oreille. Symbole de sa renaissance, d’un cycle dont il est sorti mais qui traîne, jamais loin. Un second, typographie discrète au creux du poignet, breathe, pour ne pas oublier, de respirer. Des trous aux oreilles, qu’il laisse vierges lorsqu’il retourne à la maison. Du noir sur les ongles, à effacer quand le fils se doit d’être normalisé. Petite crise d’ado à retardement, il en a besoin pour se sentir vivant.  

coeur papillonC’est partit d’un jour de printemps, alors qu’il était dans son lit d’hôpital. De la fenêtre ouverte un papillon est venu se poser sur sa main, cachant de ses ailes colorées la perfusion. Éphémère mort dans une caresse. Il voue depuis ce jour un amour pour ces animaux, une passion folle pour cette fragilité voluptueuse. Jamais enfermés, aux fenêtres qu’il laisse ouvertes peu importe le temps, pour les laisser entrer dans sa vie.